ARTICLE – Les plus incroyables musées itinérants du monde !

Une idée simple : aller à la rencontre des différents publics

Un musée itinérant qui s’installe sur la place du village. Voici l’exercice périlleux que certains irréductibles utopistes tentent de relever en proposant des solutions surprenantes allant du véritable musée assemblé façon « Transformer » au « plus petit musée du monde ».

L’idée est simple : si des publics ne viennent pas voir les œuvres fondatrices de notre patrimoine commun, alors ces œuvres doivent aller voir ces publics. Il s’agit de la réponse ultime à la question du « hors les murs » et de la démocratisation culturelle. L’adage « la simplicité est la sophistication extrême » s’applique particulièrement car il s’agit ici de déplacer des œuvres qui sont rares, fragiles et intrinsèquement précieuses. Puis de les présenter aux publics de façon didactique dans des contextes géographiques différents.

Dans cet article, vous allez découvrir les plus surprenantes installations mobiles et éphémères qui ont été créées par l’Homme !  

01. LE MOBILE ART MUSEUM 

L’expérience la plus surprenante ayant existé est sans nul doute le Mobile Art. Un musée d’art contemporain itinérant imaginé par le couturier Karl Lagerfeld pour le compte de la maison Chanel. Ce musée mobile a été construit par l’architecte de renom Zaha Hadid en 2008 avec des moyens très importants et un principe simple : le musée se démonte entièrement et chacune des pièces doit rentrer dans un container maritime. Au total, le déplacement des 700 pièces ne nécessite pas moins de 56 containers maritimes. Le montage du musée prend 15 jours et nécessite l’utilisation de deux grues.

Cela explique sans doute qu’à peine monté, Chanel annonce l’abandon du projet et, deux ans plus tard, son don à l’Institut du Monde Arabe à Paris. Pendant plusieurs années, il a été possible d’admirer cette œuvre importante de l’architecte irakienne.

02. LE CENTRE POMPIDOU MOBILE

Tiré de l’esthétique du cirque populaire et itinérant, le Centre Pompidou Mobile se compose de chapiteaux colorés qui lui donnent une image de musée accessible à tous. Si les articles critiques ont fleuri, l’expérience n’en est pas moins impressionnante. Conçu par l’architecte Patrick Bouchain en 2008, ce chapiteau se déploie en 2 jours et se repli en 6 jours « seulement ». Au total, il nécessite tout de même 8 semi-remorques à chaque déplacement, pour un coût total 600 000€ par édition. L’expérience s’arrête au bout de trois ans après 6 éditions dans les villes de Chaumont, Cambrai, Boulogne-sur-Mer, Libourne, Le Havre et Aubagne. 



03. LE MuMo, le MuMo2 ET CE N’EST PAS FINI ! 

Héritier s’il en est de ces incroyables installations mobiles, le MuMo (entendez Musée Mobile) a joué une tout autre carte : le transport avant tout. Cette fois-ci l’idée est de mettre la préoccupation de la mobilité avant celle du grandiose. Le résultat est un camion futuriste qui se déploie façon « Transformer ». À l’intérieur, nous retrouvons toutes les fonctions d’un musée : une salle d’exposition temporaire, un auditorium, des espaces d’ateliers. Conçu pour accueillir les scolaires, ce projet a pris différentes formes depuis 2011 :

  • En 2011, la première version a été dessinée par l’architecte Adam Kalkin sur la base d’un container coiffé d’un lapin monumental signé Paul McCarthy.
  • Le MuMo2 signé par la designer Matali Crasset en 2017 a sillonné les routes pendant 4 ans. Un camion qui réunit tous les espaces d’un musée : auditorium, espaces d’ateliers extérieurs, espace d’exposition. Y sont présentés uniquement des œuvres de différents FRAC. 
  • Bientôt, grâce à un partenariat innovant avec Art Explora & Le Musée Pompidou, un nouveau MuMo prendra la routes. Ce projet tout juste dévoilé vient consolider le projet et le parti pris du MuMo et l’emmène au delà des frontières de la France. 
04. KMD, LE PLUS PETIT MUSÉE DU MONDE

1 m2

Le plus petit musée du monde fait 1m2 et est visible en extérieur à Cully (Suisse). Succursale de la Kunsthalle Marcel Duchamp, le plus petit musée du monde est en réalité bel et bien ancré dans le sol. Réalisée en 2017, cette salle d’exposition panoramique modulable est ouverte 7jr/7 et 24h/24 et c’est bien cela qui la rend réellement exceptionnelle. Au contraire des précédents exemples, un système d’éclairage et une facilité d’accès absolu permettent d’observer les œuvres de jour comme de nuit.

05. LE MUSÉE DE PANDORE

Lorsque l’on a commencé à travailler sur le sujet, notre Atelier a tenu à comprendre les causes de réussite ou d’échec des musées itinérants. D’abord, il y a la question centrale de la conservation et de la sécurité des œuvres. Ensuite, celle de la mobilité de l’installation et de son coût induit. Enfin, il se pose toujours la question du design de l’objet proposé. Alors, comment se débrouille notre innovation : la Boîte de Pandore ?

C’est bien sûr avec beaucoup de modestie que l’on s’inscrit aux côtés dans la lignée des projets défendant la démocratisation et l’accessibilité des collections. Notre pierre à cet édifice est apportée par une proposition mobile, design et aux hautes performances techniques.

La Boîte de Pandore, conçue par l’Atelier d’Architecture CNB en 2020 est, elle aussi construite sur la base d’un container maritime. Notre objectif premier a été de répondre aux à la question de la conservation des œuvres présentés en utilisant un système de stabilisation climatique de haute performance et un système de sécurité adapté nos l’usage « hors les murs ». Son design a été étudié pour répondre à des codes « pop’ » voir futuristes et permet une présentation diurne et nocturne pour une accessibilité maximale. En termes de transport qui est, vous l’aurez compris, le nerf de la guerre : la boîte de Pandore nécessite un seul camion-grue et une heure de manutention pour deux personnes. Lors du transport, très peu de modifications sont à faire, car tout voyage dans le container : l’appareillage (climat, sécurité, sûreté), la scénographie, les œuvres stockées en caisse de transports.

Découvrir les Boîtes de Pandore

Le succès d’une opération d’exposition urbaine tient donc à des problématiques diverses. Si, lors de la conception, l’on penche naturellement et prioritairement vers la question de l’esthétique et du design de l’objet, c’est en réalité à la question du transport et à l’accessibilité qu’il faut prioritairement répondre. Mais sans doute que la pièce maîtresse d’un projet de musée mobile tient dans les valeurs placées au cœur du projet et donc, du cahier des charges. Par exemple, pour l’atelier Pandore, notre engagement a été la démocratisation culturelle et la réponse à des problématiques techniques avant de choisir la forme de la Boîte.

Anatole Boule